Avons-nous le choix face aux GAFAM ?
Que penser des GAFAM (Google , Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) ? Sont-ils le bien ou le mal ? L'économie est une histoire de confiance. Mais peut-on faire confiance aux GAFAM ? Ils regroupent de plus en plus d'usagers (Facebook : plus de 2,8 milliards d'utilisateurs fin 2020, 100.000.000 d'abonnés prime à Amazon en 2018), ventes ultra-dominante de l'Iphone, Gmail : 1,5 milliard d’utilisateurs en 2019, 2,5 milliards d'équipements Android actifs en 2019, Windows et Mac OS à 98% de part de marché) mais ceux-ci ont-ils vraiment confiance en eux ? Alors l'attrait vers leurs services relève-t-il de l'adhésion, de la confiance, de l'absence de choix ou plus de la dépendance ?
Les GAFAM, mais aussi les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) pour l'instant surtout dans leur contrée, sont si importants grâce au monopole qu'ils ont construit chacun dans leur domaine. Le monopole est néfaste. Seul le domaine public devrait pouvoir avoir des monopoles. En effet, la rentabilité ne peut pas permettre d'assurer un niveau acceptable pour tous les citoyens. La rentabilité exclut nécessairement les citoyens pour qui le service rendu serait plus cher (Ex : couverture téléphonique des zones blanches, transports dans les campagnes, etc.). Autant la concurrence encourage à se dépasser, à innover pour survivre, autant une position de monopole empêche la venue de tout nouvel acteur concurrentiel. D'autant plus que les pratiques déloyales tels que la vente à perte, le rachat massif des sociétés émergentes ou dangeureuses pour le monopole sont souvent mises en oeuvre. Quels sont les moyens pour stopper le monopole d'une entreprise ? Disruption technologique (Ex : Iphone à son lancement), arrivée d'un nouvel acteur dans la niche technologique (Ex : Free mobile parmis les opérateurs mobiles français), etc.
Chaque consommateur, ou utilisateur est maître de ses actions. Encore faut-il qu'il se rende compte que son action n'est pas vertueuse. Ce cheminement de pensée réalisé, que nous reste-t-il ?
Comme c'est coûteux de quitter Facebook. Voyez toutes ces expériences douloureuses de départ de ces réseaux sociaux. Ces expériences sont difficiles, mais généralement, les utilisateurs sont libérés et fiers de les avoir quitté. Personnellement, je n'ai jamais crié haut et fort que je fermais mon compte chez un prestataire. C'est donc qu'ici, le prestataire est représente beaucoup. En effet, quand on quitte un réseau social, on quitte son réseau. Ses contacts (amis pour certains) que l'on a constitué avec tant d'efforts.
Entrer dans un groupe sur un réseau social fermé (au sens interopérabilité), c'est perdre le pouvoir de choisir son prestataire. Sur une considération d'ouverture, utiliser Whatsapp (qui appartient à Facebook) est très différent d'envoyer un SMS ou un email. En effet, utiliser Whatsapp suppose que vous acceptez les conditions d'utilisation de Whatsapp. Recevoir un SMS ou un email suppose simplement que votre fournisseur soit compatible techniquement.
Mais même dans les emails, les gens sont surpris quand on n'a pas d'adresse en gmail.com, ce qui est mon cas. Avez-vous déjà compté le nombre de vos contacts en gmail.com, outlook.com ou hotmail.com ? Personellement, ils représentent 50% de mes contacts personnels (sans compter les Google Workspace). Donc même quand on choisit de ne plus les utiliser, l'omniprésence nous contraint de leur envoyer nos correspondances. Cette contrainte leur donnent des positions dominantes pour établir les normes, sans parler de la vie privée.
Refuser un réseau social, c'est se marginaliser. Combien d'événements, de regroupements j'ai raté parce que je ne suis pas sur Whatsapp ? Oui, j'ai résisté à l'appel des sirènes. Tout le monde sait ce qui est dénoncé précédemment. Mais ils sont cools, gratuits, simples, "Même ma grand-mère y arrive", etc.
Essayez d'héberger ou d'utiliser des systèmes alternatifs. Généralement, vous allez perdre du temps à chercher, perdre de l'argent à vous auto-héberger, ou parce que le service alternatif sera payant. Les autres services seront différents. Peut être moins simples, mais ils nécessiteront de réapprendre ce que vous saviez faire simplement grâce à l'armée de développeurs et d'ergonomes qui travaillait gratuitement pour vous. Le pouvoir de choisir autre chose, c'est bien, mais c'est compliqué.
Cependant, c'est possible. Regardez la réaction révolutionnaire que des milliers d'utilisateurs ont eu face au changement de politique de Whatsapp. Des milliers ont migrés vers Signal. Mais pour combien de temps ?
Ayions également une pensée pour Donald Trump qui a "découvert" le pouvoir absolu de ces réseaux lorsqu'il s'est fait massivement bannir. Voyez sa réaction : développer sa propre plateforme, oui ! Chiche ? C'est pourtant ce que permet la magie d'Internet.
Ces comportements dangeureux, il faut les montrer, en parler, les dénoncer. C'est ce que les britannics nomment to blame and shame ("blâmer et honteux"). Montrons à notre entourage que non, les GAFAM, ne sont pas cool, que internet, c'est pas Google, que Amazon tue la diversité (et les emplois).
Le rôle des Représentants des citoyens est fondamental. Le devoir de régulation est de leur ressort dès lors que le problème est pointé du doigt.
On se retrouve aujourd'hui face à une situation comparable à l'émergence des hypermarchés : les hypermarchés ont tué les petits commerçants en ville. Ils étaient facile d'accès, simples (tous les produits en un seul commerce), moins cher. Ils donnaient l'illusion de créer des emplois grâce aux galeries commerciales, mais en parallèle, les petits commerçants de centre-ville étaient désertés. Et les consommateurs de préférer la voiture. Les GAFAM ? C'est pareil. Pourquoi aller en magasin, puisque Amazon livre dans quelques heures pour 0,01 € ? Et combien d'élus locaux se voilent la face en étant enthousiastes à l'installation de plateforme d'Amazon ?
Le monopole de Microsoft sur les systèmes d"exploitation induisait un monopole de fait sur le navigateur Internet Explorer, qui était installé par défaut. Pour contrer ce monopole, la comission européenne à décider d'imposer le choix du navigateur à l'installation. Même si sa part de marché diminuait déjà, Internet Explorer a très fortement diminué pour représenter moins de 5% au profit de Chrome qui détient désormais un nouveau monopole.
Que faire face à Amazon qui livrait gratuitement ? Imposons une livraison payante ! Aussitôt dit aussitôt voté, Amazon a répliqué par une livraison à 1 centime. Ces entreprises seront toujours plus fortes face à l'État. Si l'objectif n'est pas clair, il ne sera pas atteint. On ne peut pas diminuer le poids des GAFAM en luttant sur leurs terrains.
Encore un terrain de jeu où ils sont maître. En effet, les montages financiers leurs permettent de payer beaucoup moins d'impôts que ce qu'ils devraient comparativement à des sociétés normales. Les différentes solutions de taxations de ces géants à hauteurs de ce qu'ils devraient payer est un loup de mer. Mais outre une entrée d'argent pour l'État, la taxation ne changera pas la position de monopole, voire pour certains, serait néfaste pour l'économie française. En effet, taxer Amazon en tant que marketplace, c'est taxer indirectement les petits commerçants déjà exangues qui vendent par Amazon. La position ultradominante d'Amazon lui permet déjà d'exercer des conditions tarifaires que les vendeurs ont déjà du mal à suivre.
La taxation est un levier important de l'État pour encourager ou décourager des comportements, mais ce ne peut être le seul levier.
La souveraineté est également un facteur important sur la nécessité d'agir pour l'État.
TousAntiCovid est révélateur de cet état de monopole. Peut-on vraiment faire une application de contact tracing qui fonctionne sans le concours de Google ? On a vu toutes les difficultés techniques et de gouvernance auquelles l'État a du faire face pour pouvoir développer sa propre application et faire preuve de souveraineté. C'est dur, c'est plus cher, mais c'est possible.
Une politique économique, c'est aussi s'assurer que ses propres petites entreprises pourront émerger. C'est ainsi qu'il existent de nombreuses mlois anti-trusts dans des pays, afin de prendre des mesures adéquates dès lors qu'un monopole émerge. En effet, les activités de ces géants sont tellement vastes qu'elles leur permettent de s'autofinancer et de disposer de domaines d'activité à perte. C'est ainsi que l'on apprend que l'activité de place de marché d'Amazon n'est pas si bénéficiaire par rapport aux activités de cloud, ou encore que Google, c'est avant TOUT une régie publicitaire que viennent abreuver toutes ses autres activités. Découper ces sociétés, c'est éviter que des domaines d'activité soient sur-financé et que ceux-ci restent concurentiels par rapport aux autres acteurs.
On le voit, les actions de lutte relèvent d'actions individuelles et d'actions politiques. Exatement comme pour la lutte contre le dérèglement climatique : tous les acteurs sont concernés, encore faut-il comprendre le problème et admettre sa responsabilité.
Si on veut sortir de l'ère des GAFAM, ce sera soit pour un retour au local (merci COVID ?), soit pour un nouveau mode de vie qui reste à découvrir.
J'ai volontairement peu abordé les questions de vie privée. Ces questions n'intéressent que peu d'individus (un peu moins vrai en France). Mais cette question n'intéresse généralement pas, tant que le service est gratuit et simple. Je terminerai donc sur la lettre de Mathias Döpfner à la présidente de la commission européenne.
C’est comme ça. Ou vous pouvez demander : est-ce bon pour le souverain? Le citoyen?